De Randa à Furgg, Zermatt

Quelques mots sur mon ressenti… Randonnée que je pourrais qualifier de revanche à titre personnel. En effet, si vous avez consulté l’article de la randonnée de Randa à Chapelle Heilige Barbara, l’arrivée au télésiège de Furgg était l’objectif principal avant qu’un sentier un peu trop « pédestre » stoppe ma progression prématurément.

Le parcours emprunté cette fois-ci était non seulement bien plus praticable à VTT, mais également plus intéressant en termes de diversité d’environnements. La région de Zermatt offre en effet de beaux paysages si on se donne les moyens de les découvrir en parcourant parfois une plus grande distance, ce qui est le cas lors de cette sortie.

Après avoir traversé le village de Zermatt, le chemin se poursuit à la découverte de petits hameaux comme Zmutt ou Stafel au cœur d’une petite forêt. Avant de gravir la dernière montée jusqu’au Schwarzsee, un panorama sur les plus belles montagnes s’offrira devant vous comme la Tête Blanche (3’724 m.), la Tête de Valpelline (3’799 m.), la Dent d’Hérens (4’171 m.), sans oublier, évidemment… le somptueux Mont Cervin qui culmine à 4’478 m.

Mon but initial était d’atteindre le sommet du télésiège de Furgg. Malheureusement, la dernière ascension devenait de moins en moins praticable à vélo, comme vous pourrez le constater sur la vidéo réalisée avec le drone, ce qui m’a poussé à mettre un terme à cette belle balade. Reste une randonnée mémorable que je vous conseille pour découvrir des paysages féeriques dans une région belle et mythique du canton.

Quelques mots sur le parcours… J’ai abordé en quelques mots le parcours dans les paragraphes précédents. Le tracé d’une longueur de 22 km avec un dénivelé de près de 1’300 mètres (en tenant compte de la montée entre Furgg et le Schwarzsee au retour) ne s’adresse clairement pas à des débutants.

Long et difficile, le revêtement se compose de 2/3 de chemins forestiers, en terre et même de sentiers pédestres (visibles sur la vidéo filmée à la Gopro).

Je me répète mais cette randonnée est très belle, cependant, vous l’aurez compris, elle se mérite. Une bonne condition physique sera nécessaire en tenant compte également d’une pratique régulière de cette discipline sportive.

Quelques mots sur un point d’intérêt… Au vu de la proximité avec le Mont Cervin, je pense que cet article est le parfait endroit pour parler de cette montagne mythique et symbolique du canton du Valais, des Alpes et de la Suisse.

Il est, avec une altitude de 4’478 mètres, le 12^ème sommet des Alpes. L’ascension par l’arête du Hörnli, le 14 juillet 1865, fut considérée comme le dernier des grands exploits de l’alpinisme dans les Alpes. Cette ascension se solda, au début de la descente, par la mort de 4 des 7 membres de la cordée victorieuse, j’en parlerai plus bas.

Le Cervin est un pic pyramidal, à la forme reconnaissable, et c’est pour cette raison qu’il est régulièrement utilisé à des fins publicitaires (Toblerone et Ricola en tête).

Cervin vient de « mont Servin » qui, jusqu’en 1855, désignait le col de Saint-Théodule (col alpin situé dans les Alpes pennines entre le Cervin et le Breithorn). Le changement du « s » au « c » fut causé par une faute commise par Horace-Bénédict de Saussure, l’un des premiers cartographes du royaume de Sardaigne. En arpitan (langue romane parlée en Suisse, France et Italie), le mont est appelé la Grand Bèca, c’est-à-dire le « Grand pic ».

Le mont Cervin est accessible soit par le Valtournenche (vallée latérale de la Vallée d’Aoste), en Italie, soit par la vallée de Zermatt, en Suisse. Il est situé non loin du massif du Mont-Rose, deuxième plus haut massif des Alpes après celui du Mont-Blanc. Son point culminant, la pointe Dufour, à 4’634 m. d’altitude, est le quatrième plus haut sommet des Alpes et le plus haut de Suisse.

Avec ses parois abruptes et son emplacement isolé, le Cervin est sujet à la formation de nuages en bannière ou dit « de crête ». Ils se forment généralement par vent de Nord-Ouest, lorsque le versant suisse du Cervin est à l’ombre et plus froid que le versant italien, chauffé par le soleil. Alors qu’une surpression dynamique se forme du côté suisse, il se forme une dépression du côté italien où la vapeur d’eau va se condenser et former ce type de nuage.

Le Cervin possède une longue histoire en matière d’alpinisme. En 1865, deux cordées, l’une britannique, l’autre italienne, attaquent l’ascension en même temps. L’expédition britannique en sort victorieuse, elle arrive au sommet moins d’une journée avant la cordée italienne. De nos jours, la voie normale pour atteindre le sommet du Cervin part de la cabane du Hörnli, située à 3’260 mètres. On y accède depuis Zermatt par la télécabine de Schwarzsee. Depuis le lac jusqu’à la cabane, il faut compter environ 700 mètres de dénivelé puis 1’200 mètres de dénivelé jusqu’au sommet.

Mais l’histoire ayant le plus marqué l’ascension du Cervin reste sans aucune doute celle menée par l’alpiniste britannique, Edward Whymper. Le 10 juillet 1865, il rencontre Jean-Antoine Carrel, guide italien, qui rêve lui aussi de réussir la première ascension mais par l’arête italienne, les deux hommes ayant déjà tenté son ascension, sans succès. Whymper veut engager Carrel mais ce dernier refuse car il est déjà engagé dans ce projet avec un club alpin. Le 12 juillet, Whymper constate que la cordée de Carrel a déjà entamé l’ascension, si bien qu’il bouleverse ses plans et décide de tenter la sienne à partir de Zermatt par l’arête du Hörnli (Nord-Est) qui est réputée comme étant la plus difficile à l’époque. Il forme alors sa cordée avec Francis Douglas, jeune aristocrate anglais qui finance l’expédition, Peter Taugwalder fils et Peter Taugwalder père, paysans qui complètent leurs revenus en jouant les guides. Arrivés à l’hôtel du Mont-Rose, ils rencontrent le révérend Charles Hudson et son jeune et inexpérimenté compagnon Douglas Robert Hadow qui ont engagé le guide Michel Croz (réputé pour son sens de l’itinéraire) pour eux aussi tenter cette première ascension. Les deux cordées britanniques décident alors d’unir leurs forces pour essayer de gravir ensemble l’arête du Hörnli. Le 14 juillet, la cordée des sept hommes atteint le sommet vers 13 h 40, Whymper et Croz s’étant désencordés dans la dernière pente pour arriver respectivement premier et deuxième. La cordée du versant italien, composée de Jean-Antoine Carrel, Antoine-César Carrel, Charles Gorret et Jean-Joseph Maquignaz, atteint le point le plus haut jamais atteint lors des ascensions précédentes, mais avec un retard qui l’empêche de terminer l’ascension jusqu’au sommet. La cordée décide alors de s’arrêter pour se reposer. À 14 heures, ils aperçoivent Whymper et six autres hommes au sommet, ils décident alors de rentrer sans tenter d’atteindre le sommet. Dans la descente, vers 15 h 10, Hadow glisse en renversant Michel Croz. Charles Hudson puis Douglas ne parviennent pas à retenir la chute et sont à leur tour emportés. La corde d’assurage se rompt, permettant ainsi à Edward Whymper et aux guides Peter Taugwalder père et Peter Taugwalder fils de ne pas être emportés à leur tour. Un journal de l’époque émet l’hypothèse que Whymper a coupé la corde avec un couteau ce qui pourrait être interprété comme un homicide volontaire ou un état de nécessité pour sauver la vie des trois hommes qui étaient en fin de cordée. Les autorités suisses ouvrent une enquête qui se termine par un non-lieu. Edward Whymper, très marqué par ce drame, ne tenta ensuite plus aucune première ascension majeure.

La conquête du Cervin, qui passait pour inaccessible, marque la fin de l’âge d’or de l’alpinisme au cours duquel le but était de conquérir tous les sommets des Alpes par une voie délibérément choisie pour sa difficulté.

Le 17 juillet 1865, trois jours à peine après la première ascension, la cordée italienne menée par Jean-Antoine Carrel et comprenant Jean-Baptiste Bich, Amé Gorret et Jean-Augustin Meynet réalise la première ascension du Cervin par l’arête du Lion (arête Sud-Ouest), plus difficile que l’arête du Hörnli.

En 1879, l’arête de Zmutt (arête Nord-Ouest) est gravie pour la première fois par Albert F. Mummery, Alexandre Burgener, J. Petrus et A. Gentinetta. En 1941, la dernière arête du Cervin, celle de Furggen (arête Sud-Est) est gravie pour la première fois de manière complète par Louis Carrel, accompagné par A. Perrino et G. Chiara.

Des défis d’alpinismes se déroulent régulièrement au Cervin, notamment en 1966, les guides de Zermatt René Arnold et Sepp Graven parcourent les quatre arêtes du Cervin dans la même journée : ils montent au sommet par l’arête de Furggen, redescendent par celle du Hörnli jusqu’à la cabane, traversent ensuite le glacier du Cervin (situé au pied de la face Nord) pour atteindre à nouveau le sommet par l’arête de Zmutt, avant de redescendre par celle du Lion.

Le plus grand défi se déroule durant l’hiver 1977-1978, Ivano Ghirardini réalise un exploit hors norme : l’ascension des faces Nord du Cervin, des Grandes Jorasses et de l’Eiger, en solo, et sans aucune assistance. Cette trilogie hivernale, bien que tentée par quelques-uns des plus grands alpinistes, notamment Daudet en 2002, reste à ce jour toujours inégalée.

Au-delà des défis, certains alpinistes détiennent de beaux records comme celui d’Ueli Steck qui pulvérise le record d’ascension de la face Nord en 1 h 56. Le guide Ulrich Inderbinen a gravi le Cervin 371 fois et pour la dernière fois à 90 ans.

Malheureusement, l’ascension du Cervin reste dangereuse et compte de nombreux drames. A ce jour, environ 500 alpinistes ont perdu la vie sur le Cervin.