De Geschinersee, Geschinen à Col du Nufenen

Quelques mots sur mon ressenti… Lieu de passage entre le Valais et le Tessin, le col du Nufenen est un col si important en Valais qu’il m’était impossible de ne pas vouloir l’atteindre à VTT. J’ai également quelques souvenirs de mon enfance liés à ce lieu de passage comme c’était déjà le cas pour son col voisin au Nord, le Grimsel.

Cette randonnée était donc logique pour moi mais en la comparant au Grimsel, j’avoue que ma préférence ne se dirige pas vers le Nufenen. En visionnant la vidéo de la descente à la GoPro, vous constaterez que la météo n’était pas si clémente mais le principal défaut n’est pas là.

A mon sens, le problème principal de cette randonnée reste la dangerosité de la route lorsqu’on la sillonne à VTT. La route est étroite à plusieurs endroits, les canaux d’évacuation des eaux de pluie le long de la chaussée ne vous permettent pas de vous rabattre entièrement à droite et la route en elle-même reste de moins bonne qualité que celle menant au Grimsel.

Peut-être que j’ai également eu un manque de chance le jour de cette sortie mais j’ai trouvé que les automobilistes ne prêtaient que peu d’attention aux cyclistes en ne laissant aucune distance de sécurité. A plusieurs reprises, un faux mouvement de ma part ou un petit décalage aurait pu avoir des conséquences fâcheuses…

Pour le reste, nous sommes en présence d’un beau paysage montagneux mais un col un peu tristounet. Je conseille d’ailleurs aux visiteurs de cette région de faire un petit détour par le Sud du col pour rejoindre le Griessee et observer aussi son petit parc à éoliennes.

Quelques mots sur le parcours… J’ai déjà évoqué le parcours dans les paragraphes précédents et j’espère que vous aurez compris que ce trajet à VTT n’est pas adapté aux débutants ni aux enfants. La route est d’ailleurs très fréquentée comme la plupart des lieux de passage de ce type dans le canton.

Pour les autres, le revêtement n’amène que peu de difficultés et le dénivelé affiché ne devrait pas non plus rebuter les passionnés et habitués des balades à vélos.

Quelques mots sur un point d’intérêt… Selon la direction choisie pour franchir le col du Nufenen, Ulrichen est la dernière commune valaisanne avant l’arrivée au Tessin ou la première à votre arrivée en Valais.

Cette affirmation est plus ou moins vraie car Ulrichen est en fait une ancienne commune faisant partie désormais d’une plus grande région issue d’une fusion entre plusieurs autres communes voisines unifiées sous le nom d’Obergoms depuis le 1er janvier 2009.

Sepp Blatter, ancien président de la FIFA, est originaire de Ulrichen. Mais Ulrichen est principalement connue pour avoir été le théâtre de deux batailles, en 1211 et 1419 ainsi que pour son aérodrome militaire.

La première bataille, en 1211, oppose le Valais et Berne. Le comte Bertold V de Zähringen, ayant fondé la ville de Berne 20 ans auparavant, tente de s’emparer des territoires de l’actuel Haut-Valais. Cette stratégie s’inscrit dans le conflit l’opposant à la maison de Savoie, à la tête de laquelle se trouve Thomas Ier.

Son armée, forte de 13’000 hommes, franchit péniblement le col du Grimsel en direction du Valais. Elle boute le feu aux villages de Obergesteln et d’Oberwald. Les Valaisans sous les ordres de l’évêque Landrich von Mont (1206-1237) attendent l’ennemi au lieu-dit d´Oberbach non loin d’Ulrichen. Le contingent de Bertold est alors décimé et les 800 survivants s’enfuient en direction du Grimsel.

Poursuivis par les Valaisans, puis capturés sur le col, ils sont jetés dans le Totensee ou Totesee (le lac des morts) où ils périssent noyés.

La défaite des troupes du comte marqua la fin des tentatives d’incursion des Zähringen en Valais. Une croix en granit rappelle l’emplacement de la bataille à Ulrichen.

Une autre bataille se déroula le 29 septembre 1419 sur le territoire de la commune d’Ulrichen.

Au début du XV^ème siècle, le Haut-Valais se trouve dans une période trouble avec l’influence de la Maison de Rarogne. Guichard de Rarogne tente d’asseoir son pouvoir par divers moyens. Excédée, la population met un terme aux négociations avec Guichard. Ce dernier conclut une alliance avec les Bernois et malgré les appels au calme émanant des autres Confédérés, la plupart des territoires du Haut-Valais refusent les pourparlers avec la Maison de Rarogne.

Berne décide alors de lancer une première opération militaire via le col du Sanetsch. La ville de Sion est attaquée puis incendiée le 17 octobre 1418. Les attaques se poursuivent jusqu’en automne 1419, période à laquelle les Bernois décident d’attaquer sur deux fronts en passant via le col du Sanetsch et celui du Grimsel. La tentative d’incursion par le Sanetsch est un échec.

Les troupes passant par le Grimsel, à l’instar des hommes de Bertold V de Zähringen lors de la bataille de 1211, parviennent à atteindre la vallée de Conches mais sont entièrement vaincus à Ulrichen.

Enfin, Ulrichen est également connue pour son aérodrome désormais désaffecté. Il était un « aérodrome de guerre » (Reduit Flugplatz). Son but était l’accueil d’une escadrille dans des installations protégées. Jusqu’en 1999, année de sa fermeture, il était l’aérodrome militaire le plus élevé de Suisse.

L’aérodrome est créé durant la seconde Guerre mondiale dans le cadre du programme de construction des points d’appuis de 1941 dans le secteur central. Des négociations sont alors menées avec les communes de Turtmann, Raron, Münster, Ulrichen et les propriétaires au sujet de la construction de cet aérodrome.

La construction de ce dernier est finalement achevée une année plus tard, soit le 30 octobre 1942.

Les coûts ont été estimés à 530’000 francs, les abris à avions, les installations de carburants et les dépôts de munitions n’étaient pas inclus.

Après le service actif de la deuxième Guerre mondiale, plusieurs étapes d’agrandissement et de modernisation ont eu lieu. En 1954, la piste est prolongée pour atteindre 1’500 mètres.

L’aérodrome fût aussi doté d’un poste de commandement souterrain (Einsatz-Kommandoposten), d’un système de réservoirs à kérosène souterrains ainsi que d’abris pour avions plus modernes.

Cependant, la construction du poste de commandement et de sa caserne souterraine s’est avérée très coûteuse à Ulrichen. Au 1^er juin 1962, un surcoût de 2,85 millions de francs est calculé, dont près d’un million de francs en raison de difficultés de construction et plus d’un million de francs en raison de l’inflation. Au lieu de 6,3 millions de francs, un total de 9,175 millions de francs était attendu.

En 1976 une halle polyvalente est construite, elle est également mise à disposition de la commune.

L’aérodrome est finalement fermé en 1999. Le détachement d’Ulrichen de la Direction fédérale des aérodromes (DAM), rattaché à Sion, est officiellement dissous au 31 décembre 2000.

La piste a été en partie démantelée sur plusieurs sections. Sur les 800 mètres de piste démantelée sur la partie ouest de l’aérodrome, le Geschinersee, un lac artificiel de 600 mètres de long, a été officiellement inauguré le 2 août 2003.

Avant et après sa fermeture, l’aérodrome a été utilisé à plusieurs reprises par Agusta puis AgustaWestland pour des essais à haute altitude de divers prototypes d’hélicoptères. Ce fut notamment le cas en juin 1999 avec l’Agusta A109K29, appareil de sauvetage conçu pour répondre à une demande de la REGA.