De Vétroz à Tzemperon, Derborence

Sortie du 24 avril 2021

Caractéristiques

Altitude départ

490 m.

Altitude arrivée

1’520 m.

Dénivellé global

1’030 m.

Distance (envir.)

11.3 km

Carte et description

Quelques mots sur mon ressenti… Région chère à mon cœur, Derborence est une contrée majestueuse offrant une authenticité naturelle sans pareille. Vallée protégée luxuriante dans un paysage alpin d’une beauté exceptionnelle. Petit paradis perdu accordant une quiétude infinie ou contrée source d’inspiration intarissable, c’est à vous de choisir ce que vous voulez puiser dans cet environnement grandiose.

Non je ne m’emballe pas, je me demande simplement comment rester de marbre face à un site aussi magistral.

En revanche, vous comprendrez que Derborence fait partie de ces milieux alpins qui resteront toujours pour moi des lieux refuges où se ressourcer et s’évader d’un monde insensé avec une société qui nous demande d’aller toujours de plus en plus vite. Le temps s’arrête au moins pour quelques instants.

Je ne vous cache pas non plus que j’ai aussi un affect particulier pour Derborence qui est un lieu que je fréquente depuis mon enfance et qui fait un peu partie de mes racines. Mon ressenti sur cette randonnée vous paraîtra ainsi biaisé mais si vous ne connaissez pas cette vallée, je ne peux que vous encourager à la parcourir. De nombreux chemins de randonnées et de multiples découvertes vous y attendent.

Gardez en mémoire que nos régions proposent des paysages d’une beauté rare et que les découvrir, s’y reposer quelques heures, profiter d’un air pur, découvrir une nature préservée dans des panoramas exceptionnels participeront à coup sûr à une sensation de satisfaction, comme le fait de parcourir, par exemple, la vallée de Derborence.

Quelques mots sur le parcours… Le trajet que je vous propose est accessible à la plupart des cyclistes habitués. Quitter le village de Vétroz pour rejoindre la route des vignes ne vous posera aucun problème même si vous démarrez depuis le centre du village.

La route des vignes est étroite par endroit mais peu fréquentée si vous évitez certaines périodes, notamment lors des vendanges au mois de septembre. A rester tout de même attentif aux véhicules.

Arrivé au village d’Aven, vous débuterez enfin la route menant à Derborence. Par endroit, la route est également serrée mais vous disposerez d’une place bien suffisante pour croiser ou laisser passer les véhicules.

Enfin, j’ai pris parti de choisir comme destination Tzemperon (ou Tsamperon) mais, pour ceux qui ne connaissent pas, je vous suggère de continuer à suivre la route principale jusqu’au Godey ou au Lac de Derborence. Vous pourrez également découvrir d’autres lieux comme Mombas, la Tour ou la Lui.

Si vous souhaitez maintenir votre axe sur Tzemperon, vous quitterez la route bitumée pour traverser une forêt assez dense mais sur un chemin aisément praticable à VTT. Après quelques lacets, vous arriverez enfin à destination. Prenez au moins quelques instants pour savourer le lieu avant de rebrousser chemin pour profiter d’une belle descente.

Quelques mots sur un point d’intérêt… Rien ne sert de laisser un quelconque suspens en rédigeant des lignes avant de vous révéler le point d’intérêt choisi car vous aurez bien compris que le seul intérêt de cette randonnée reste la vallée de Derborence et toute l’histoire qui entoure ce lieu si magique.


Derborence est une localité de la commune de Conthey. Région naturelle sans égal, la flore et la faune y est riche. Peuplée de bouquetins, chamois, marmottes et surtout de gypaètes barbus, issus d’un programme de réintroduction.

La rivière, La Lizerne, prend naissance sur les pentes Ouest de Derborence et traverse toute la vallée. Elle détient sa source depuis la Tita da Terra Naire (Tête Noire) à 2’451 mètres d’altitude et de La Fava (2’612 mètres).

Elle poursuit son chemin le long des falaises jusqu’au Mont Gond pour finalement s’écouler sur le flanc de la montagne jusqu’à un barrage artificiel créant ainsi le Lac de Godey situé à 1’401 mètres d’altitude. Elle récupère ensuite une petite rivière, la Derbonne, pour finir sa course en direction du Sud dans une profonde vallée. Avant d’atteindre la centrale hydroélectrique d’Ardon, elle récupère encore une rivière nommée la Tine.

Le lit de la rivière finit par livrer son eau au Rhône, au pied de Nendaz.

Revenons à Derborence qui est un site merveilleux mais qui a également un aspect plus tragique, Cette vallée est malheureusement aussi synonyme de drame survenu lors de l’éboulement de 1714. Un autre éboulement ne faisant aucune victime s’est déclenché en 1749.

Au début du mois de juin 1714, une colonne de bergers accompagnés de leurs bêtes emprunte le périlleux sentier qui s’accroche aux flancs escarpés du val Triqueut.

Après plusieurs heures de lente progression, hommes et bêtes débouchent enfin dans une vallée plus large. Les voici sains et saufs au fond du grand cirque de Derboreintze, un lieu austère où les pâturages sont cernés de tous côtés par de grandes murailles de pierre.

Là, l’ombre des montagnes s’attarde plus longtemps qu’ailleurs. Les plus hautes d’entre elles forment un colossal château de roche et de glace coiffé de tours fumantes : ce sont les Diablerets.

Des bruits sourds y retentissent presque chaque jour et souvent la montagne crache de gros blocs meurtriers. Pourtant, malgré la peur que leur inspire cet inquiétant voisinage, les bergers reviennent chaque printemps, bénis par le curé du village.

Mais cette année-là, esprits et démons se livrent à une sarabande particulièrement endiablée. Leurs jeux dévastateurs prennent de plus en plus d’ampleur. De grands blocs pleuvent et la montagne tremble et gémit. Les hommes et les bêtes ont peur. Cette montagne, elle va finir par tomber.

Le dimanche 23 septembre, en début d’après-midi, un pan entier du flanc sud des Diablerets s’effondre. Il noie hommes, chalets et bêtes sous une marée de pierre qui s’avance jusque dans les gorges de la Lizerne, cinq kilomètres plus bas. Le vacarme est si fort qu’on l’entendra paraît-il jusqu’à Bex. Le ciel est si chargé de poussière qu’il fait nuit en plein jour. Nul ne sait quand le soleil dévoila enfin aux survivants le nouveau visage de la montagne et le gigantesque éboulis avec ses blocs grands comme des maisons.

Malgré la disparition d’un pâturage tout entier et d’une centaine de chalets, les montagnards remonteront l’année suivante déjà avec leurs bêtes à Derborence. Mais la redoutable montagne leur inspire désormais encore plus de crainte et de méfiance.

Trente-cinq ans plus tard, quand les chutes de pierres se multiplient à nouveau, tout le monde déserte Derborence. Il n’y a personne pour assister au second grand éboulement, le 23 juin 1749.

Ce jour-là, un des pans de la Tête de Barme s’effondre. Il engloutit 40 chalets supplémentaires et provoque, en barrant les eaux de la Derbonne, la naissance d’un grand lac, nommé le Lac de Derborence.

La ruine, l’oubli, la désolation sont désormais sur Derborence selon Ramuz. Pourtant, quoique destructrices, ces deux catastrophes n’empêcheront pas la vie de regagner le terrain perdu en rongeant peu à peu cet océan de pierre et de poussière.

Un jour, les couleurs reviendront tapisser ce chaos minéral pour nous offrir, deux cent cinquante ans plus tard, l’un des plus beaux jardins qui soient.

Derborence, le mot chante doux ; il vous chante doux et un peu triste dans la tête. Il commence assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu’on se le chante encore, Derborence, et finit à vide, comme s’il voulait signifier la ruine, l’isolement et l’oubli.

Car la désolation est maintenant sur les lieux qu’il désigne (…). Les parois tombent à pic de tous les côtés, plus ou moins hautes, plus ou moins lisses (…) et, où que vous portiez vos regards, en face de vous comme à votre gauche et à votre droite, c’est, debout ou couchée à plat, suspendue dans l’air ou tombée, c’est, s’avançant en éperons ou retirée en arrière, ou encore faisant des plis qui sont d’étroites gorges, c’est partout la roche, rien que la roche, partout sa même désolation. (…) Il y a quelque chose qui est mis partout entre ce qui est vivant et nous. C’est d’abord comme du sable dont le cône par son petit bout est à demi engagé dans la paroi du nord ; et de là, partout répandus, comme des dés hors du cornet, c’est en effet comme des dés, des dés de toutes les grosseurs, (…) recouvrant ce fond à perte de vue.

(C.-F. Ramuz, Derborence)

Le gigantesque massif qui surplombe Derborence était considéré autrefois comme la demeure du Diable. C’est une formidable citadelle aux murailles hautes de plus de mille mètres, aux créneaux de pierre grise, aux meurtrières étroites et aux sinistres tours qui se dressent fièrement au bord du vide. A gauche la Tête de Barme, à droite la Tour Saint-Martin, rebaptisée la Quille du Diable.

Confrontés à d’incessants éboulements et impressionnés par la sauvagerie des lieux, les montagnards ont imaginé que là-haut des diablotins jouaient aux quilles avec d’énormes blocs de pierre. Selon l’une des versions locales, les esprits malins, évidemment vaudois et bernois, tentaient de précipiter ces blocs dans le vide alors que de bons génies valaisans s’efforçaient de retenir les projectiles. Les deux catastrophes successives s’expliqueraient ainsi tout simplement par une défaite des esprits valaisans.

Il habite là-haut, sur le glacier, avec sa femme et ses enfants. […] Alors il arrive des fois qu’il s’ennuie et il dit à ses diabletons : « Prenez des palets ». C’est là où il y a la Quille, tu sais bien, justement la quille du Diable, et c’est un jeu qu’ils font. Ils visent la quille avec leurs palets. […] Seulement il arrive des fois aux palets de manquer la quille et tu devines où elles vont, leurs munitions. Qu’est-ce qu’il y a après le bord du glacier, hein? Plus rien, c’est le trou. Les palets n’ont plus qu’à descendre.

(C.-F. Ramuz, Derborence)

Vous aurez constaté que j’ai évoqué à quelques reprises un certain C.-F. Ramuz, écrivain et poète vaudois, principalement connu pour son roman : Derborence, publié en 1934. Livre inspiré de l’éboulement survenu aux Diablerets en 1714, le roman se déroule au sein d’une communauté de paysans montagnards, confrontée à la mort et à la survie face à l’événement naturel dramatique. Le roman est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Ramuz.

Fortement inspiré par la nature et le monde paysan (notamment montagnard), le roman fait partie d’une série d’œuvres abordant des thèmes et des environnements proches, comme La Grande Peur dans la montagne (1926) ou Si le soleil ne revenait pas (1937).

Le roman, Derborence, raconte l’histoire d’un berger enseveli lors d’un effondrement d’une falaise sur le versant valaisan du massif des Diablerets, près de Derborence.

Antoine Pont et son oncle par alliance Séraphin se trouvent à la montagne. Antoine commence cependant à s’ennuyer rapidement, car sa femme Thérèse – avec laquelle il n’est marié que depuis deux mois – lui manque beaucoup. Un soir, un énorme éboulement survient et, dans cet amas de rochers, il semble très probable qu’Antoine et Séraphin aient trouvé la mort.

Lorsque les gens du village apprennent la nouvelle, tous sont attristés par la mort non seulement d’Antoine et de Séraphin, mais également de tous les hommes et de toutes les bêtes qui étaient montés à l’alpage. En plus de cela, Thérèse, la femme d’Antoine, découvre qu’elle est enceinte. Elle déprime à la seule idée que son fils naîtra orphelin.

Sept semaines et un jour après l’éboulement, nous apprenons qu’Antoine n’est pas mort. Lorsqu’il essaie de retourner vers son village, tous le prennent pour un revenant. Il finit pourtant par convaincre Thérèse qu’il est bel et bien vivant. Lorsqu’il apprend que Séraphin n’a pas eu sa chance et qu’il est déclaré mort, Antoine – qui le croit en vie, comme lui, sous les rochers – décide de remonter vers l’éboulement afin de le retrouver. Lorsque Thérèse apprend son départ, elle part à sa recherche afin de le raisonner et de le ramener vers le village et vers la vie. Elle y parvient finalement à la fin de l’œuvre, non sans peine.

Photos

Highlights

Toutes les images

Pour plus d’images, veuillez me contacter : admin@vtt-valais.ch

Vidéos

GoPro

(trajet depuis l’objectif [altitude la plus haute] jusqu’au point de départ [altitude la plus basse])

Version longue

Version courte

Version longue

Alternative YouTube : https://youtu.be/TDd1d1kDr4o

Version courte

Alternative YouTube : https://youtu.be/pkE6rfDERJw

Alternative YouTube : https://youtu.be/TDd1d1kDr4o

Alternative YouTube : https://youtu.be/pkE6rfDERJw

Drone

(prises de vues aériennes)

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